Et puis 2014 est arrivée, et avec elle son lot de surprises. Travail à plein temps en journée, suivi de longues veillées, plongée dans mes bouquins à potasser. Le concours de professeur des écoles en poche, je commence à la rentrée ma nouvelle vie. Mon époux et moi-même rêvions de fonder une famille, mes enfants arrivent en fin d’année comme un cadeau tant attendu. 

Et puis, tout s’écroule, mon monde chavire, et peu à peu notre nouvelle famille sombre. Plus rien ne va. Ce monde dont je rêvais empli d’amour, se transforme, jour après jour, mois après mois en une guerre fratricide. J’arrête mon métier d’enseignante, pour me consacrer à mes deux enfants si « spéciaux ». Résiliente, je me dirige vers un domaine auquel je rêvais depuis si longtemps. Je deviens thérapeute, me forme à l’hypnose et à la sophrologie. Cependant, mes enfants entraînent notre famille un peu plus chaque jour vers un gouffre sans fond. Je ne les comprends pas, leur mode de fonctionnement est si éloigné du mien, trop probablement. Pourquoi ? Comment les aider ?

Au détour d’un de ses questionnements, je me découvre moi-même différente, de cette différence ressentie mais jamais comprise, de celle qui fait qu’on voit le monde plus beau, que l’on vit et ressent tout plus intensément, de celle qui fait que soudain l’on se regarde avec une plus grande bienveillance et qu’avec ce nouveau regard sur soi-même tout s’éclaire. Et puis, le monde au printemps 2020 s’arrête de respirer, moi, je reprends mon souffle. Je ressors mes romans qui comme des rêves dormaient dans mes tiroirs et telle une évadée qui retrouve enfin le grand-air et les sous-bois qui m’ont tant manqué, je m’enivre d’écrire, je débride mon imagination et ma joie de vivre. Je crée, je rêve à nouveau. En un mot, je revis.